mardi 8 mars 2016

Les gros foreurs US arrêtent les opérations de fracturation

Les gros foreurs US arrêtent les opérations de fracturation alors que les prix du pétrole continuent de couler

Article original de Steve Horn, publié le 28 Février 2016 sur le site Desmog Blog
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Ce fut une semaine tumultueuse dans le monde de la fracturation hydraulique pour le pétrole de schiste et le gaz, avec quelques-unes des plus grandes entreprises aux États-Unis annonçant des arrêts temporaires de leurs opérations de forage dans plusieurs zones jusqu’à ce que les prix du pétrole renaissent de leurs cendres.



Parmi elles : Chesapeake Energy, Continental Resources et Whiting Petroleum. Chesapeake était autrefois la deuxième entreprise de fracturation hydraulique la plus prolifique des États-Unis derrière ExxonMobil, tandis que Continental a été saluée par beaucoup comme le Roi du Bakken, bassin de schiste situé principalement dans le Dakota du Nord.

Halliburton aussi, le Goliath des services de forage et surnommée Halliburton, La Faille, parce qu’elle a réussi à exempter l’industrie du contrôle par l’Agence des États-Unis de protection de l’environnement (EPA) et de l’application de la Loi sur la salubrité de l’eau potable pour les opérations de fracturation, a récemment annoncé qu’elle supprimera 5 000 emplois autour des opérations de forage au niveau mondial (8% de sa main-d’œuvre).
«Continental Resources Inc., le pionnier du pétrole de schiste, contrôlé par le milliardaire de la prospection, Harold Hamm, a arrêté toute fracturation dans la formation de schiste du Bakken dans le bassin américain de Williston après avoir affiché sa première perte annuelle depuis les débuts publics de sa société en 2007, a écrit Bloomberg. Continental a dit qu’il n’a plus d’équipes de fracturation qui travaillent actuellement dans le Bakken. La société continue de forer par là, en se concentrant sur les zones avec les plus hauts rendements, mais laissera la plupart de ses puits inachevés cette année.»
L’avenir immédiat de Chesapeake Energy est tout aussi sombre, sinon plus, et elle arrêtera le forage dans le bassin de Marcellus, d’Utica, d’Eagle Ford et ailleurs. La société est le foreur le plus productif, à la fois dans les bassins d’Utica et de Marcellus.
 
Note du traducteur
Le fondateur de Chesapeake, Aubrey McClendon, est mort dans le crash de sa voiture un jour après la mise en accusation fédérale.

Whiting, le plus prolifique producteur de pétrole de schiste dans le Bakken, arrêtera l’ensemble de ses opérations dans un futur proche. La société, dont 83% du pétrole produit provient des opérations de fracturation dans le Bakken, va simultanément réduire son budget de dépenses de 80%.

Les États du Dakota du Nord et de l’Oklahoma, avec des économies largement dépendantes des recettes générées par le forage de pétrole et de gaz, ont tous les deux prévu 1 milliard de dollars de déficits pour le cycle budgétaire à venir. Les choses sont encore pires en Alaska, où l’on s’attend à un déficit budgétaire de 3,5 milliards de dollars.

Et si les nouvelles sordides pour les entreprises de fracturation n’étaient pas assez sombres avec la baisse des prix du pétrole, David Hughes – un ancien géo-scientifique de l’industrie pétrolière et contributeur actuel au Post Carbon Institute – a récemment livré un témoignage sous serment à la Commission des services en Caroline du Nord, selon lequel la production de gaz de schiste atteindra un pic en 2017 à l’échelle nationale et ensuite commencera une baisse rapide.

Mais les prix bas du pétrole, avec la fermeture temporaire des projets de forage, ne correspondent pas automatiquement à une victoire écologique. Naomi Klein, auteur de plusieurs ouvrages, dont Cela change tout : Capitalisme contre climat, a abordé ce sujet il y a un an dans une interview publiée par Grist.
«Rien ne dit que les prix bas du pétrole aident ou font obstacle au mouvement climatique, a déclaré Klein. Si nous ne faisons rien, alors il est plus probable que les prix bas du pétrole vont travailler sensiblement contre l’action climatique, uniquement pour des raisons économiques simples. Quand le pétrole n’est pas cher, les gens se sentent en mesure d’acheter plus. Déjà, nous entendons des histoires, comme le retour en grâce des SUV [Gros 4*4 de ville, NdT].»
Klein a dit que c’est pourquoi elle croit que les défenseurs du climat doivent porter le coup de grâce au pétrole alors qu’il a un genou à terre et ne pas faire de sentiment.
«Il y a diverses raisons pour lesquelles, si nous mettons le bon jeu d’incitations en place – à la fois politique et économique – cela peut être un très, très bon moment pour sortir des combustibles fossiles et pousser de façon très agressive vers une économie décentralisée, basée sur les énergies renouvelables», a remarqué Klein.
Steve Horn

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