samedi 22 avril 2017

Qu’est-ce qui pourrait mal se passer?

Article original de James Howard Kunstler, publié le 14 Avril 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr 


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« Les choses s’effondrent ; le centre ne peut pas tenir », a écrit Yeats. Ce qui est drôle, c’est que nous n’avons pas l’impression que le centre manque tant que cela, après son anéantissement. L’Amérique est parfaitement satisfaite de cet affaiblissement aux marges, de nos jours. Surtout aux marges de la pensée.

Une des chose qui occupait le centre était une discussion publique, un débat et une argumentation. De temps en temps, on y récoltait un échange cohérent d’idées. De nos jours, les principales factions politiques se sont enfoncées dans l’hystérie, d’une manière ou d’une autre. Leurs inspirations primitives n’ajoutent plus aux débats d’idées que des spasmes limbiques de peur et de rage. Et puis, il y a le partenaire de l’ombre des deux partis, appelé État profond, dirigé par la singulièrement nommée « communauté du renseignement ». Ces oiseaux, dont beaucoup y sont à vie, se consacrent à la sombre besogne de faire en sorte que la discussion publique soit aussi incohérente que possible, pour empêcher tout changement de politique qui pourrait entraver la croissance de l’État profond, une sorte de cancer du corps politique.


Dans notre cas, la récente « attaque aérienne syrienne au gaz » sur la ville de Khan Cheikhoun, des responsables élus sont venus sur les réseaux câblés pour nous vendre l’histoire de la NSA, selon laquelle le président syrien Bachar al-Assad a bombardé des femmes et des enfants avec du gaz sarin, trois jours après que le Département d’État eût déclaré qu’il avait une nouvelle politique : permettre à Assad de rester au pouvoir, après des décennies d’intrigues séduisantes pour l’en virer. Cela aurait peut-être mené à la fin de la guerre civile syrienne après six ans, guerre qu’Assad semblait gagner, enfin ─ avec l’aide de la Russie.

Mais au lieu de cela, l’incident a conduit à de nouveaux appels officiels pour virer Assad… et le remplacer par… personne ne le sait. Parce que le Deep State [État Profond, NdT]  prospère aux USA quand le chaos règne dans des pays étrangers. Ils sont bien meilleurs pour leurs opérations de pillage, comme le vol des réserves de 141 tonnes d’or de la Libye en 2011, quand ce n’est pas le pillage direct des biens. Le Deep State bénéficie alors de ses nombreuses tentacules – les armées de sécurité privées, les fournisseurs de matériaux, les vendeurs d’armes – pour ratisser les comptes débiteurs.

La partie fascinante de l’histoire du bombardement syrien au gaz, est la facilité avec laquelle le public l’a avalée. Les députés et les sénateurs élus, qui ont infesté les chaînes sur le câble, ont déclaré au public que la communauté du renseignement « a publié un rapport de consensus », selon lequel l’armée de l’air syrienne a largué des bombes au gaz sarin sur de malheureux civils. Personne n’a offert de preuve concrète. Ces jours-ci, les simples allégations dominent.
Voilà comment les choses se passent. J’attends toujours des preuves à propos de la campagne de Trump et de sa « collusion avec la Russie » pour lui faire gagner les élections. D’autres revendications, également, ont été publiées comme « une analyse de consensus » par la communauté du renseignement. Et puis, en mars, des mois après l’élection contestée, le directeur de la NSA, James Clapper, qui est tout juste parti, a déclaré à la chaîne NBC que son agence n’avait aucune preuve de « collusion russe » avec les forces de Trump. C’était il y a quelques semaines seulement.

Pour le moment, il peut être utile aux observateurs occasionnels d’adopter l’attitude la plus cynique possible, sur les « rapports de consensus » émanant de ces innombrables agences. Ce qui semble finalement dominer, c’est l’incompétence, la vénalité, la mendicité et l’impuissance du gouvernement des États-Unis en général, dans toutes ses couches et ses branches.

De plus, le président nous a encore stupéfiés l’autre jour, en balançant la soi-disant « Mère de toutes les bombes (MOAB) » sur un coin perdu père de tous les coins perdus, une fois et pour toujours, l’Afghanistan. Avez-vous vu une photo de cette MOAB ? Elle semble plus grande que n’importe quel avion qui pourrait être mobilisé pour la transporter, une caricature de bombe, plus ridicule que tout ce que vous pourriez voir dans un film Vin Diesel. Elle avait même l’acronyme « MOAB » sur son fuselage, au cas où quelqu’un pourrait la confondre avec un bidon de Round-up. Je me demande combien elle coûte [16 millions de $, NdT]. Si c’est plus d’1 million de dollars pour un missile Tomahawk, vous pourriez probablement financer l’ensemble du système Medicaid de l’Alabama pour le prix de l’une de ces MOABs.

Pendant ce temps, la Task Force 1 de la Marine fait route vers les eaux de la Corée du Nord et nous avons récemment déclaré que les États-Unis pourraient essayer de bombarder, de manière préventive, le site d’assemblage de bombes nucléaires de Kim Jong-un. Il y a une touche d’excitation dans l’air (et sur les chaînes par câble). L’Amérique est de retour dans le jeu, ce qui prouve que lorsque tout le reste échoue, on peut toujours étaler un peu de merde. Qu’est-ce qui pourrait être tourner ?

James Howard Kunstler

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