lundi 29 mai 2017

L’Allemagne demande aux États-Unis des briefings classifiés sur l’avion de combat F-35 de Lockheed

Article original de Andrea Shalal, publié le 9 Mai 2017 sur le site reuters.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

A Lockheed Martin Corp F-35 stealth fighter jet lands at the Avalon Airshow in Victoria, Australia, in this file photo dated March 3, 2017. Australian Defence Force/Handout via REUTERS
Un Lockheed Martin Corp F-35 furtif se pose au Avalon Airshow à Victoria, en Australie, dans ce fichier photo daté du 3 mars 2017. Australian Defense Force / Handout via REUTERS
L’armée de l’air allemande a envoyé aux militaires américains une demande écrite pour obtenir des données classifiées concernant le chasseur de combat Lockheed Martin Corp (LMT.N) F-35, alors qu’elle se prépare à remplacer sa flotte actuelle d’avions de combat entre 2025 et 2035.

La lettre, envoyée par le commandement de la Force aérienne et vu par Reuters, précise clairement que le gouvernement allemand n’a pas encore autorisé un programme d’approvisionnement et n’est pas engagé sur un avion en particulier pour remplacer ses avions de guerre actuels.


Elle dit que le ministère de la Défense procéderait à « une évaluation approfondie des solutions disponibles sur le marché, y compris le F-35, plus tard cette année », avec une « lettre de demande » formelle à émettre dans les prochains mois.

L’intérêt de l’Allemagne pour le F-35 – l’avion de guerre le plus avancé du Pentagone et son programme d’approvisionnement très coûteux – peut en surprendre plus d’un, car l’Allemagne fait partie du consortium des quatre nations qui ont développé le Typhoon Eurofighter de quatrième génération, qui continue de concourir sur de nouveaux appels d’offres.

L’Eurofighter est construit par Airbus (AIR.PA) ainsi que par BAE Systems britannique (BAES.L) et Leonardo (LDOF.MI) d’Italie.

L’Allemagne devra remplacer sa flotte actuelle d’avions de guerre de quatrième génération – des Tornados en usage depuis 1981 et des Eurofighters – entre 2025 et 2035. Le F-35 est considéré comme un avion de combat de cinquième génération, ayant des capacités furtives qui lui permettent d’échapper aux radars ennemis.

La lettre de Berlin intervient au moment de tensions croissantes entre l’Occident et la Russie sur le soutien de Moscou aux séparatistes de l’Est de l’Ukraine, les responsables de l’OTAN disant que l’activité navale russe dépasse maintenant les niveaux observés, même pendant la guerre froide.

La Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Norvège, la Turquie et l’Italie – les principaux alliés dans l’OTAN pour Allemagne – achètent déjà le F-35 pour remplacer leurs avions actuels et d’autres pays européens comme la Suisse, la Belgique et la Finlande cherchent également à acheter cet avion de guerre de cinquième génération.

Le geste de l’Allemagne peut viser à renforcer sa main dans les négociations avec ses partenaires européens sur l’échelle et le calendrier du développement d’une prochaine génération d’avions de combats européens. Tout mouvement pour acheter un avion de guerre construit aux États-
Unis pourrait susciter une forte résistance politique en Allemagne, qui a de solides syndicats.

Mais les sources militaires disent que l’achat du F-35 pourrait avoir du sens pour l’Allemagne, étant donné les baisses régulières de coût des avions de chasse américains et les défis techniques de l’Eurofighter.

Huit heures de réunion
 
Dans la lettre, l’armée de l’air allemande a déclaré qu’une petite équipe d’officiers en son sein rassemblait des données pour se préparer à une analyse détaillée des alternatives pour un nouvel avion de combat.

Le groupe a travaillé en étroite collaboration avec le Groupe de travail du Système de combat aérien du futur du ministère, qui vise à émettre une recommandation pour une décision politique à la mi-2018, a-t-il déclaré.

« Afin de comprendre les technologies de pointe du F-35, l’armée de l’air allemande demande un résumé classifié des fonctionnalités du F-35 en général et surtout concernant les suites de capteurs, la gestion de l’information et les capacités opérationnelles », a affirmé la lettre.

La lettre a déclaré qu’une vidéoconférence proposée par les officiels des États-Unis à Bonn aiderait à accélérer le processus.

Une source familière avec les programmes d’armes américains a indiqué que la réunion classifiée demandée par l’Allemagne durerait probablement environ huit heures.

Étant donné que l’Allemagne ne fait pas partie du consortium international qui a financé le développement du nouveau chasseur furtif, la demande d’informations classifiées doit d’abord être approuvée par le gouvernement américain, mais les responsables américains ont déclaré qu’ils ne s’attendaient à aucun problème pour obtenir la licence de commercialisation nécessaire.

Le bureau des programmes du Pentagone F-35 a refusé de commenter la lettre. Aucun commentaire n’a été immédiatement disponible auprès de Lockheed.

Le F-35 est en exploitation opérationnelle par le Corps des Marines des États-Unis et l’armée de l’air américaine, qui a effectué le mois dernier son premier déploiement opérationnel d’un petit nombre de jets en Estonie, pour s’entraîner avec d’autres avions militaires américains et de l’OTAN.

La Force aérienne américaine a également annoncé ce mois-ci qu’elle envisage d’amener le F-35 au Paris Air Show de juin prochain.
 
Andrea Shalal



Note du traducteur

Cette information pêchée sur ZeroHedge a attiré notre attention après une erreur de compréhension du titre, ayant rapidement traduit "asks US for classified briefing" par "a demandé aux USA de classifier les notes de réunion" laissant entendre que les résultats de l'avancement des tests du F-35 sont si catastrophiques qu'il fallait les planquer, de peur que des médias allemands ne s'en inquiètent. Mais non, il fallait bien lire "demande aux États-Unis des briefings classifiés", ce qui n'est pas la même chose. Nous le publions quand même comme information significative, car si les Allemands choisissent le F-35, cela va lier encore plus la défense européenne au fameux complexe militaro-industriel américain. Il ne restera que la France et son Rafale.

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