samedi 24 juin 2017

Moby Trump

Article original de James Howard Kunstler, publié le 9 juin 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


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Il a franchi le Tropique du Cancer, dans la grande mer de la politique au printemps dernier et a détruit toutes les petites baleines avec ses coups puissants, mais maintenant le Pequod [bateau d’Ismaël dans Moby Dick, NdT] démocrate , avec son équipage diversifié et inclusif, a promis de le persécuter jusqu’aux confins de la terre, jusqu’à lui faire rendre la dernière goutte de sang noir et qu’il s’écroule mort. C’est Moby Trump! Écarquillez vos yeux pour lui, les hommes (et les femmes, et les intersexes non binaires)! Est-ce que vous voyez le Bitcoin cloué sur le mât? Il ira à celui qui me rapportera cette baleine blanche privilégiée!


Qui est Achab, dans cette histoire? Eh bien, le New York Times, bien sûr. Telle est l’immensité de sa pure obsession envers la malignité cosmique de Moby Trump, qui a avalé le membre d’Achab – connue sous le nom de Hillary – la dernière fois que le Pequod avait navigué. Avec Jim Comey en tant que Starbuck, le Quaker, toujours sur le fil, cool, distant, mariné de rectitude, mais mortel avec son harpon.

Ainsi, la grande tragédie américaine se joue dans les médias.

Rappelez-vous, cependant, que dans le conte d’origine écrit par le perdant Herman Melville (il n’a jamais gagné le moindre sou), la baleine blanche a coulé le Pequod dans un dernier désespoir de vengeance, tandis qu’Achab se noyait, emmêlé dans ses propres lignes de harpon, crucifié sur les flancs de sa proie inaccessible. Et je suis seul à le dire…

Tout a été dit, en termes littéraires – faites un geste pour Bob Dylan pour nous avoir rappelé, dans son discours de Nobel qui vient juste d’être publié, tout ce que cette baleine blanche devrait signifier pour nous. Dans cet âge sombre et sordide, dans ce cloaque, sans même parler de Kardashian, il y a vraiment des histoires cosmiques latentes, et cette saga de Moby Trump est une tragédie que la République peut ne pas supporter d’entendre : comment nous nous détruisons.
La question est : qu’est-ce qui restera de la politique américaine, une fois que le puissant Trump aura été harponné, découpé en filets et bouilli pour en extraire ses huiles essentielles? Un grand vide maléfique, je prédis, plutôt comme la fabuleuse tempête de Norvège de Melville. Et en son sein, tout et tous, dans l’État profond, seront révélés comme creux et fantomatiques, simples revenants de nos institutions bien-aimées, y compris le règne du droit.

L’impeachment est quelque chose qui se situe juste au-dessus et à côté de la loi, fondé, comme il l’est, sur la vague notion de crimes et de délits graves – ce qui peut tout signifier, vraiment, pour les partis si déterminés à l’exercer. Trump, le menteur, a exprimé l’espoir qu’une infâme enquête du FBI contre le général Flynn, pour avoir conversé avec l’ambassadeur de Russie (vraiment, il a parlé avec un envoyé d’un pays étranger?) pourrait être mise de côté. Eh bien, cela pourrait simplement faire l’affaire, selon Jeffrey Toobin de CNN, porte-parole juridique pour « The Resistence ».

J’avoue que je n’ai jamais considéré M. Trump – ou comme j’aime l’appeler, le Golem d’Or de la Grandeur – comme un cheval qui allait finir la course. J’ai prédit après l’élection qu’il serait viré du bureau par crochet ou par escroc, dans quelques mois. Alors que je ne me mélange pas avec ses contradicteurs, je le considère inapte pour le travail qu’il a gagné dans une élection ignominieuse contre un adversaire répugnant. Il semble simplement ne pas savoir ce qu’il fait, et c’est assez effrayant à ce moment de l’histoire quand, apparemment à l’insu des pourvoyeurs de « nouvelles », et des innombrables factotums du gouvernement – des greffiers misérables d’agence, aux cumulards fanfaronnant du congrès et aux grands patrons technocrates des intrigues de la matrice des services de renseignement – la nation est suspendue au bord d’un gouffre financier, qui fera passer la chute de l’Empire romain pour une faillite de petite entreprise.

En attendant, regardez comme une marée politique toxique balaie les fondements d’une expérience de deux cents ans d’ordre civil. Dans six mois, personne ne fera plus confiance à personne ou en rien, et nous verrons peut-être une grande quantité de violences, exercées des uns contre les autres, lors d’une confusion fulgurante dans le vortex politique dans lequel nous nous sommes aventurés.

James Howard Kunstler

Liens

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