samedi 26 août 2017

Les transactions de gaz à plusieurs milliards de dollars de l’Iran pourraient conduire à une OPEP du gaz

Article original de Andrew Korybko, publié le 15 juillet 2017 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Le géant énergétique français Total a tout simplement remporté une participation de 50,1% dans un accord de 4,8 milliards de dollars pour développer le champ de gaz South Pars de l’Iran, aux côtés de la Chine et des compagnies nationales d’énergie de l’Iran. Cela représente le premier investissement majeur après les sanctions par une société occidentale, et Reuters a cité des experts qui ont analysé qu’il pourrait également donner à la France une occasion unique d’étendre ses investissements vers le Qatar voisin, qui partage le plus grand champ gazier au monde avec l’Iran et appelle son versant du gisement offshore, North Dome. Le Qatar, qui est déjà le plus grand exportateur de GNL au monde, vient d’annoncer qu’il veut augmenter ses exportations de gaz de 30%. Il faudra évidemment plus d’investissements pour le faire et le Français Total pourrait être le partenaire idéal. Alors que tout cela se passe, l’Inde a également offert à l’Iran 11 milliards de dollars dans ce qu’elle a appelé sa « meilleure offre » pour le champ de gaz Farzad-B. Bien que l’Iran doive encore accepter ou refuser cette opération au moment de cet article, cela indique néanmoins un prix de référence que Téhéran finira par recevoir, que ce soit de New Delhi en ce moment ou de quelqu’un d’autre qui pourrait présenter une offre plus élevée.




Dans l’ensemble, on peut s’attendre à ce que le prix du GNL finisse par baisser dans le futur une fois que les derniers investissements à grande échelle autour du gaz de l’Iran et du Qatar auront atteint le marché en contribuant à sa surabondance. De plus, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Mozambique, qui ont un énorme potentiel de GNL, sont également censés entrer sur le marché au cours des prochaines années, tout comme les projets de GNL de la Russie à Yamal et Sakhaline, qui réduiront le prix de cette ressource. Toutefois, les frais de traitement et de transport sont encore exceptionnellement élevés pour le GNL. Donc à moins que les coûts ne baissent avec l’introduction de nouvelles technologies ou par des économies d’échelle, il est presque certain que les prix finiront par s’établir à un niveau ou à un autre. Le contraire est vrai pour le pétrole, cependant, parce que ce produit a un prix plafond qui ne peut être dépassé sans chasser du marché les extractions coûteuses des gaz de schiste des États-Unis en forçant le prix à nouveau à la baisse. Le plus intéressant dans tout cela, c’est que les prix du pétrole et du gaz sont indexés les uns avec les autres, de sorte que chaque ressource est affectée par le prix plancher et maximum de l’autre malgré une dynamique inverse.

Le prix du pétrole s’est relativement stabilisé en raison de l’action des pays de l’OPEP et de l’accord que ses membres et les partenaires les plus importants ont convenu l’année dernière. Cependant aucune organisation ou coordination similaire n’existe entre les plus grands joueurs de ce marché mondial du gaz naturel, bien que la limite prévisible de ressources et la baisse des prix vont influer sur le marché du GNL ce qui pourrait obliger les pays producteurs à former leur propre « OPEP du gaz » et à lancer des mesures coopératives de fixation des prix les uns avec les autres. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que les offres de gaz iraniennes à plusieurs milliards de dollars qui ont été atteintes ou qui sont en cours de négociation, sont en train de renverser complètement les fondements du marché pour ce produit en provoquant une surabondance de GNL qui pourrait forcer les prix à la baisse et obliger la formation d’un « OPEP du gaz » entre la Russie, l’Iran et le Qatar pour stabiliser les prix.

Andrew Korybko

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