dimanche 5 novembre 2017

A bas le sexe !

Article original de James Howard Kunstler, publié le 23 Octobre 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Baluchitherium
Il est intéressant de voir comment, dans une culture aussi tournée vers la pornographie, où tout enfant de neuf ans peut regarder des actes sexuels à l’écran toute la journée, nous découvrons que le décorum est absent de la vie américaine. Ceci, alors que dans un même temps, les gauchistes politiques les plus gnostiques veulent transformer la nature humaine en effaçant les catégories sexuelles dans leur quête pour créer une utopie d’hermaphrodites.


Le sexe est gênant, vous savez. Il s’immisce entre les gens, littéralement et plutôt maladroitement, et il est chargé de tensions si primitives que cela peut nous effrayer et nous faire honte. Est-il étonnant que ces tensions se manifestent sur les lieux de travail où les hommes et les femmes passent une bonne partie de leur vie éveillée ? Êtes-vous vraiment surpris que l’attraction sexuelle soit une monnaie pour l’avancement ? Que cela tende vers un échange à nu de faveurs ?

Je dirais que l’épave de Harvey Weinstein est une représentation dramatique de l’effondrement de l’industrie cinématographique, comme nous la connaissons depuis un siècle. Le cinéma autour de films de deux heures diffusés dans une grande salle avec beaucoup de sièges est en train de mourir. Il rejoint la longue histoire de la musique enregistrée et de l’exercice littéraire des livres appelés « romans » dans le cimetière des éléphants de différentes formes d’art. La chute de HW n’est juste que l’annonce de cette fin.

Le mois dernier a été un bain de sang pour les sorties en salle des films. Les superproductions présumées ont fait face à des salles vides dans les complexes, comme peuvent l’être les amphithéâtres de conférenciers. La classe moyenne en difficulté n’a plus besoin de salles de cinéma, et les écrans plats à la maison leur permettent de se perdre dans des mondes fictionnels entiers qui se succèdent avec des épisodes hebdomadaires, année après année, comme autant d’après-midis barbecues. Qui sait combien de temps cette phase du show-biz va durer. En évolution, rappelez-vous, la forme d’un organisme est souvent surdimensionnée. Pensez au Baluchitherium, le titan des mammifères terrestres de l’oligocène. (Et imaginez le sexe entre deux créatures de la taille d’un semi-remorque !) Le sort du « contenu » télévisuel comme Game of Thrones dépend probablement de l’adéquation d’un réseau électrique qui semble plutôt sclérosé. Personnellement, je pense que le show-biz du futur tendra vers les spectacles de marionnettes.

Heureusement (ou peut-être pas, selon votre idéologie politique), le sexe sera toujours avec nous, et ses éternelles tensions avec lui. Ce qui est le plus sujet à changement, c’est la division du travail. La plupart des adultes que je connais l’acceptent comme axiomatique et aussi que les changements sociaux qu’ils ont vus au cours de leur vie sont devenus des installations permanentes de la condition humaine. C’était le « récit » de Tom Friedman sur le globalisme, qui est maintenant fracturé et flétri. Il en va de même pour les gauchistes gnostiques, qui croient être sur la trajectoire d’extermination de cet hétéro-patriarchisme genré détesté. Comment pensez-vous que les choses vont fonctionner dans une nation d’eunuques et de transsexuels ?

Vous serez peut-être surpris de constater à quel point ces tendances ne sont pas permanentes. Les États-Unis décadents, dépourvus de discipline et de décorum, perdus dans les ravissements d’un grandiose techno-narcissisme, diffusant leurs fantasmes gangsta-sexy alors qu’ils aspirent les produits finis d’autres contrées en échange de bons pourris sur leur dette, devenant le paria international. Il y a fort à parier que les tensions résultant de cette dynamique provoqueront, d’une manière ou d’une autre, l’éclatement des systèmes commerciaux et financiers qui ont nourri la phase de l’histoire qui se termine – avec de nombreux dommages collatéraux dans tous les autres domaines de la vie quotidienne.

En attendant, l’Amérique sombre dans un marais d’excès sexuel, de préoccupation sexuelle, de confusion sexuelle, de récrimination sexuelle et de remords sexuel. La seule chose sur laquelle aucun des combattants ne peut s’entendre est ce qui pourrait passer pour une normalité sexuelle. Cette idée même pourrait être prise pour un cri de guerre.

James Howard Kunstler

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