mercredi 29 novembre 2017

En toute transparence

Article original de James Howard Kunstler, publié le 20 Novembre 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


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Jeffrey Tambor dans la série Transparent

Pendant que l’hystérie sexuelle était à l’ordre du jour, il y eu un article bien juteux rangé dans les pages bleues du New York Times, un matin. Il racontait que l’acteur Jeffrey Tambor quittait le rôle-titre dans Transparent, la série télévisée à succès d’Amazon après que deux femmes sur le plateau l’ont accusé d’inconduite sexuelle.
 
L’une d’entre elles était l’« actrice » Trace Lysette (remarquez que The Times utilise l’ancien terme sexué alors que le nouveau mot correct est d’utiliser « acteur » pour toutes les personnes devant la caméra). L’autre victime était l’assistante de M. Tambor, Van Barnes.

« J’étais dans un coin, le dos au mur, quand Jeffrey s’est approché de moi », a déclaré Mme Lysette jeudi. « Il s’approcha, posa ses pieds nus sur les miens, je ne pouvais plus bouger, il s’est appuyé contre moi et a commencé à faire des va-et-vient rapides et discrets contre mon corps. J’ai senti son pénis sur ma hanche à travers son mince pyjama, et je l’ai poussé loin de moi. »
 
M. Tambor a seulement été accusé de « peloter » Van Barnes. Nous sommes informés vers la fin de l’histoire que les deux victimes sont des femmes transgenres, c’est-à-dire des hommes qui se sont soumises à une procédure médicale pour « apparaître » en tant que femmes.

Hollywood était particulièrement fier de cette série transgressive pour une programmation pionnière dans cette nouvelle frontière des mœurs transsexuelles, quelque chose dont l’Amérique avait sans doute vraiment besoin de mieux comprendre. Le spectacle a été comblé de récompenses. Sa créatrice, Jill Soloway – qui « s’identifie comme non binaire » et s’identifie avec le pronom « il » dans ses relations avec les médias – a dit qu’ils espéraient utiliser la série pour explorer les idées d’identité de genre avec un scénario autour d’un « père meurtri reconfiguré par une féminité florissante ».

Eh bien, je suppose que ce genre de choses dit tout sur l’état fondamental de la culture américaine contemporaine. Nous vivons sur la terre du père meurtri. La nature de sa blessure n’est pas tout à fait spécifiée, mais si l’on devait deviner, on pourrait s’aventurer et dire que quelque chose est arrivé à ses testicules. Coupées ? Enlevées ? Accident industriel ? Nous n’en sommes pas informés. Mais le remède à ce malheur est de devenir une femme, ou du moins d’agir comme telle.

Un angle intéressant sur tout cela, disons du point de vue de l’air du temps, est que le père archétypal n’est plus nécessaire. La société n’a pas besoin de lui. À peine avons nous encore besoin de lui pour traverser le passage mystique et devenir une figure de mère tragicomique, un vieux vaisseau inoffensif plein de sagesse tragique et de soulagement comique. Bien sûr, c’est le message clairement apparu dans les scénarios culturels récents, avec tout ce qui concerne les Blancs cis-genre (c’est-à-dire les hommes) responsables de tous les maux de l’humanité.

Ma propre méta-prise sur toute cette affaire est que le père archétypal est secrètement plutôt regretté aux États-Unis. Les inversions mentales de l’intelligentsia progressiste me disent qu’au fond, la gauche est dans un état d’angoisse sur ce sujet. Trump a enflammé les gauchistes surtout parce qu’il remplit si mal le rôle de père national avec son incohérence vulgaire. Rien de ce qu’il fait ne rassure personne. Ils veulent désespérément le pousser hors de la scène. Il leur rappelle seulement à quel point ils manquent vraiment d’un vrai papa. Et leur rage à ce propos les incite à détruire quiconque leur rappelle un mauvais papa, par tous les moyens nécessaires – la mauvaise conduite sexuelle étant un moyen très pratique dans une culture qui célèbre son manque de frontières.

Dernièrement, l’autorité masculine en Amérique a accepté ce scénario, peut-être (je crois le deviner) parce qu’elle a foiré si royalement les affaires publiques – en particulier la gestion financière de la maison nationale – et que ses membres en ont profondément honte. Ils ont donc été disposés à se soumettre au moins à une certaine castration symbolique pour éviter d’avoir à agir différemment ou à mettre en œuvre quoi que ce soit de la longue liste de choses à faire pour le pays.

Ce psychodrame ne va pas continuer indéfiniment. À un moment donné, les hommes de ce pays qui ne sont pas Trump vont redécouvrir qu’ils ont un but et même une obligation d’agir comme des hommes. Mais il sera intéressant de voir comment la série Transparent continue sa saison 4 sans le personnage qui est sa raison d’être. Le fait que les producteurs semblent penser qu’ils peuvent continuer comme si de rien n’était nous en dit long sur la pensée délirante de Hollywood.

James Howard Kunstler

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