lundi 7 mai 2018

Charles Lindbergh : Discours de Des Moines

Article original de Charles Lindbergh, publié le 11 Septembre 1941 sur le site charleslindbergh.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Discours prononcé à Des Moines, Iowa, le 11 septembre 1941, ce discours a été accueilli avec indignation de plusieurs côtés.

 
Cela fait maintenant deux ans que cette dernière guerre européenne a commencé. Depuis ce jour de septembre 1939, jusqu’au moment présent, il y a eu un effort de plus en plus grand pour forcer les États-Unis à entrer dans le conflit.

Cet effort a été poursuivi par des intérêts étrangers et par une petite minorité de notre propre peuple ; mais le succès a été tel qu’aujourd’hui, notre pays est au bord de la guerre.

En ce moment, alors que la guerre est sur le point d’entrer dans son troisième hiver, il semble approprié d’examiner les circonstances qui nous ont menés à notre position actuelle. Pourquoi sommes-nous au bord de la guerre ? Était-il nécessaire pour nous de nous impliquer si profondément ? Qui est responsable de la transformation de notre politique nationale de neutralité et d’indépendance en celle d’intrication dans les affaires européennes ?

Personnellement, je crois qu’il n’y a pas de meilleur argument contre notre intervention qu’une étude des causes et des développements de la guerre actuelle. J’ai souvent dit que si les vrais faits et les questions étaient soumis au peuple américain, il n’y aurait aucun danger d’y participer.

Ici, je voudrais vous signaler une différence fondamentale entre les groupes qui prônent la guerre à l’étranger et ceux qui croient en un destin indépendant pour l’Amérique.

Si vous regardez l’historique du dossier, vous constaterez que ceux d’entre nous qui s’opposent à l’intervention ont constamment essayé de clarifier les faits et les problèmes ; tandis que les interventionnistes ont essayé de cacher les faits et de rendre confus les problèmes.

Nous vous demandons de lire ce que nous avons dit le mois dernier, l’année dernière et même avant le début de la guerre. Notre bilan est ouvert et clair, et nous en sommes fiers.

Nous ne vous avons pas conduit par subterfuge et propagande. Nous n’avons pas recouru à la facilité afin de guider le peuple américain là où il ne voulait pas aller.

Ce que nous avons dit avant les élections, nous disons [inaudible] et encore, et encore aujourd’hui. Et nous ne vous dirons pas demain que c’était juste pour la campagne électorale. Avez-vous déjà entendu un interventionniste, un agent britannique ou un membre de l’administration à Washington vous demander de revenir en arrière pour étudier ce qu’ils ont dit depuis le début de la guerre ? Leurs soi-disant défenseurs de la démocratie sont-ils disposés à soumettre la question de la guerre à un vote de notre peuple ? Trouvez-vous ces croisés de la liberté de parole des étrangers, ou de la suppression de la censure ici dans notre propre pays ?

Le subterfuge et la propagande qui existent dans notre pays sont évidents de tous les côtés. Ce soir, j’essaierai d’en dévoiler une partie, jusqu’aux faits bruts qui se trouvent au-dessous.

Quand cette guerre a commencé en Europe, il était clair que le peuple américain était fermement opposé à y entrer. Pourquoi ne devrions-nous pas l’être ? Nous avions la meilleure position défensive au monde ; nous avions une tradition d’indépendance vis-à-vis de l’Europe ; et la seule fois où nous avons pris part à une guerre européenne, les problèmes européens n’ont pas été résolus et les dettes envers l’Amérique n’ont pas été payées.

Les sondages nationaux ont montré que lorsque l’Angleterre et la France ont déclaré la guerre à l’Allemagne, en 1939, moins de 10% de notre population voulaient que l’Amérique les suivent. Mais il y a eu divers groupes de personnes, ici et à l’étranger, dont les intérêts et les croyances nécessitaient l’implication des États-Unis dans cette guerre [Attaque de Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, NdT]. Je signalerai certains de ces groupes ce soir et exposerai leurs méthodes. En faisant cela, je dois parler avec la plus grande franchise, car pour contrecarrer leurs efforts, nous devons savoir exactement qui ils sont.

Les trois groupes les plus importants qui ont poussé ce pays vers la guerre sont les britanniques, les juifs et l’administration Roosevelt.

Derrière ces groupes, mais de moindre importance, se trouvent un certain nombre de capitalistes, d’anglophiles et d’intellectuels qui croient que l’avenir de l’humanité dépend de la domination de l’Empire Britannique. Ajoutez à cela les groupes communistes qui étaient opposés à l’intervention jusqu’à il y a quelques semaines [Opération Barbarossa en juillet 1941, NdT], et je crois avoir nommé les principaux agitateurs de guerre dans ce pays.

Je ne parle ici que des agitateurs pro-guerre, non de ces hommes et de ces femmes sincères mais égarés qui, trompés par la désinformation et effrayés par la propagande, suivent ces fauteurs de guerre.

Comme je l’ai dit, ces agitateurs pro-guerre ne représentent qu’une petite minorité de notre peuple ; mais ils ont une énorme influence. Contre la détermination du peuple américain à rester en dehors de la guerre, ils ont rassemblé le pouvoir de leur propagande, de leur argent, de leur patronage.
Considérons ces groupes, un à la fois.

Premièrement, les Britanniques : il est évident et parfaitement compréhensible que la Grande-Bretagne veuille que les États-Unis entrent en guerre de son côté. L’Angleterre est maintenant dans une position désespérée. Sa population n’est pas assez grande et ses armées ne sont pas assez fortes pour envahir le continent européen et gagner la guerre qu’elle a déclarée contre l’Allemagne.

Sa position géographique est telle qu’elle ne peut pas gagner la guerre par l’utilisation de l’aviation seule, indépendamment du nombre d’avions que nous lui envoyons. Même si l’Amérique entrait en guerre, il est improbable que les armées alliées puissent envahir l’Europe et submerger les puissances de l’Axe. Mais une chose est certaine. Si l’Angleterre peut attirer ce pays dans la guerre, elle pourra transférer sur nos épaules une grande partie de la responsabilité de la mener et d’en payer le prix.

Comme vous le savez tous, nous nous sommes retrouvés avec les dettes de la dernière guerre européenne ; et à moins que nous ne soyons plus prudents à l’avenir que nous ne l’avons été dans le passé, nous resterons avec les dettes de la présente affaire. Si ce n’était pas son espoir qu’elle puisse nous rendre responsables de la guerre aussi bien financièrement que militairement, je crois que l’Angleterre aurait négocié une paix en Europe il y a plusieurs mois, et c’est ce qu’elle aurait eu de mieux à faire.

L’Angleterre a consacré et continuera à tout mettre en œuvre pour nous faire entrer dans la guerre. Nous savons qu’elle a dépensé d’énormes sommes d’argent dans ce pays pendant la dernière guerre pour nous impliquer. Les Anglais ont écrit des livres sur leur habileté à ce jeu [Quels Anglais ?, NdT].
Nous savons que l’Angleterre dépense de grosses sommes d’argent pour la propagande en Amérique pour la guerre actuelle. Si nous étions Anglais, nous ferions la même chose. Mais notre intérêt est d’abord celui de l’Amérique ; et en tant qu’Américains, il est essentiel pour nous de réaliser l’effort que les intérêts britanniques font pour nous attirer dans leur guerre.

Le deuxième grand groupe que j’ai mentionné sont les juifs.

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les juifs souhaitent le renversement de l’Allemagne nazie. La persécution qu’ils ont subie en Allemagne serait suffisante pour en faire des ennemis amers de n’importe quelle race.

Aucune personne ayant le sens de la dignité de l’humanité ne peut tolérer la persécution de la race juive en Allemagne. Mais personne ayant honnêteté et vision ne peut regarder cette politique pro-guerre aujourd’hui sans voir les dangers d’une telle politique pour nous et pour eux. Au lieu de s’agiter pour la guerre, les groupes juifs de ce pays devraient s’y opposer de toutes les manières possibles, car ils seront parmi les premiers à en ressentir les conséquences.
La tolérance est une vertu qui dépend de la paix et de la force. L’histoire montre qu’elle ne peut pas survivre à la guerre et aux dévastations. Quelques juifs clairvoyants le réalisent et s’opposent à l’intervention. Mais la majorité ne le fait toujours pas.

Le plus grand danger qu’ils représentent pour ce pays réside dans leur important niveau de propriété et d’influence dans nos films, notre presse, notre radio et notre gouvernement.

Je n’attaque ni les Juifs ni les Britanniques. Ces deux races, je les admire. Mais je dis que les dirigeants des races britannique et juive, pour des raisons aussi compréhensibles que possible pour nous, pour des raisons qui ne sont pas américaines, veulent nous entraîner dans la guerre.

Nous ne pouvons pas les blâmer de penser avant tout à ce qu’ils croient être leurs propres intérêts, mais nous devons aussi défendre les nôtres. Nous ne pouvons pas laisser les passions et les préjugés naturels des autres peuples conduire notre pays à la destruction.

L’administration Roosevelt est le troisième puissant groupe qui mène ce pays vers la guerre. Ses membres ont utilisé l’urgence de la guerre pour obtenir un troisième mandat présidentiel pour la première fois dans l’histoire américaine. Ils ont utilisé la guerre pour ajouter sans limites des milliards à une dette qui était déjà la plus élevée que nous ayons jamais connue. Et ils ont aussi utilisé la guerre pour justifier la restriction des pouvoirs du Congrès, et la présomption de l’utilisation de procédures dictatoriales de la part du président et de ses représentants.

Le pouvoir de l’administration Roosevelt dépend du maintien d’une situation d’urgence de temps de guerre. Le prestige de l’administration Roosevelt dépend du succès de la Grande-Bretagne à qui le président a attaché son avenir politique à une époque où la plupart des gens pensaient que l’Angleterre et la France gagneraient facilement la guerre. Le danger des mensonges de l’administration Roosevelt réside dans son subterfuge. Alors que ses membres nous ont promis la paix, ils nous ont menés au seuil de la guerre sans plus se soucier de la plate-forme sur laquelle ils ont été élus.

En choisissant ces trois groupes comme principaux agitateurs pour la guerre, je n’ai inclus que ceux dont le soutien est essentiel au parti de la guerre. Si l’un de ces groupes − les Britanniques, les Juifs ou l’administration − cesse de s’agiter pour la guerre, je crois qu’il y aura peu de danger pour nous d’y participer.
Je ne crois pas que deux d’entre eux, seuls, soient assez puissants pour mener ce pays à la guerre sans le soutien du troisième. Et à part ces trois, comme je l’ai dit, tous les autres groupes pro-guerre sont d’importance secondaire.

Quand les hostilités ont commencé en Europe, en 1939, ces groupes ont réalisé que le peuple américain n’avait aucune intention d’entrer en guerre. Ils savaient qu’il serait plus qu’inutile de nous demander une déclaration de guerre à ce moment-là. Mais ils croyaient que ce pays pourrait être entrainé dans la guerre à peu près sur le modèle de notre entrée en guerre dans la dernière.

Ils prévoyaient : premièrement, de préparer les États-Unis à la guerre à l’étranger sous le couvert de la défense américaine ; deuxièmement, de nous impliquer dans la guerre, étape par étape, sans notre consentement éclairé ; troisièmement, de créer une série d’incidents qui nous forceraient à entrer dans le conflit actuel. Ces plans devaient bien sûr être couverts et aidés par la pleine puissance de leur propagande.

Nos théâtres furent bientôt remplis de pièces représentant la gloire de la guerre. L’information en continue a perdu tout semblant d’objectivité. Des journaux et des magazines ont commencé à perdre des budgets publicitaires s’ils propageaient des articles anti-guerre. Une campagne de dénigrement a été lancée contre les personnes qui s’opposaient à l’intervention. Les termes de « cinquième colonne », de « traître », de « nazi », d’« antisémite » ont été lancés sans cesse à quiconque osait suggérer qu’il n’était pas dans l’intérêt des États-Unis d’entrer en guerre. Des hommes ont perdu leur emploi s’ils étaient franchement anti-guerre. Beaucoup d’autres n’osaient plus parler.

En peu de temps, les amphithéâtres ouverts aux défenseurs de la guerre ont été fermés aux orateurs qui s’y opposaient. Une campagne de peur a été instaurée. On nous a dit que l’aviation [allemande ?, NdT], qui a poussé la flotte britannique hors du continent européen, a rendu l’Amérique plus vulnérable que jamais à l’invasion. La propagande battait son plein.

Il n’y a eu aucune difficulté pour obtenir des milliards de dollars pour des armes sous prétexte de défendre l’Amérique. Notre peuple est resté uni autour d’un programme de défense. Le Congrès a approuvé des crédits, les uns après les autres, pour des fusils, des avions et des cuirassés, avec l’approbation de l’écrasante majorité de nos citoyens. Qu’une grande partie de ces crédits devait être utilisée pour construire des armes pour l’Europe, cela nous ne l’avons appris que bien plus tard. C’était une autre étape.

Pour utiliser un exemple spécifique En 1939, on nous a dit que nous devions augmenter notre flotte aérienne jusqu’à un total de 5 000 avions. Le Congrès a adopté la législation nécessaire. Quelques mois plus tard, l’administration nous a dit que les États-Unis devraient avoir au moins 50 000 avions pour notre sécurité nationale. Mais presque aussi vite que les avions de combat sortaient de nos usines, ils étaient envoyés à l’étranger, bien que notre propre armée de l’air aurait eu le plus grand besoin de nouveaux équipements ; de sorte qu’aujourd’hui, deux ans après le début de la guerre, l’armée américaine ne dispose que de quelques centaines de bombardiers et de chasseurs résolument modernes, moins que l’Allemagne ne peut en produire en un seul mois.
Depuis sa création, notre programme d’armement a été conçu dans le but de faire la guerre en Europe, bien plus que dans le but de construire une défense adéquate pour l’Amérique.

En même temps, nous étions préparés à une guerre à l’étranger, il fallait, comme je l’ai dit, nous impliquer dans la guerre. Ceci a été accompli sous cette phrase maintenant célèbre par « des petits pas vers la guerre ».

L’Angleterre et la France gagneraient si les États-Unis n’abrogeaient que l’embargo sur les armes et vendaient des munitions contre de l’argent, nous dit-on. Et puis [inaudible] a commencé, un refrain qui marquait chaque pas que nous faisions vers la guerre depuis de nombreux mois, on nous a dit que « la meilleure façon de défendre l’Amérique et de rester en dehors de la guerre était d’aider les Alliés ».

D’abord, nous avons convenu de vendre des armes à l’Europe ; ensuite, nous avons accepté de prêter des armes à l’Europe ; alors nous avons convenu de patrouiller l’océan pour l’Europe ; puis nous avons occupé une île européenne dans la zone de guerre. Maintenant, nous sommes au bord de la guerre.
Les groupes pro-guerre ont réussi les deux premières de leurs trois grandes étapes vers la guerre. Le plus grand programme d’armement de notre histoire est en cours.

Nous avons été impliqués dans la guerre de pratiquement tous les points de vue sauf au niveau des tirs réels. Seule la création d’« incidents » suffisants reste encore à venir ; et vous voyez le premier de ces incidents avoir déjà lieu, selon le plan [inaudible] − un plan qui n’a jamais été présenté au peuple américain pour son approbation.

Hommes et femmes de l’Iowa, une seule chose tient ce pays hors de la guerre aujourd’hui. C’est l’opposition croissante du peuple américain. Notre système de démocratie et de gouvernement représentatif est mis à l’épreuve aujourd’hui comme il ne l’a jamais été auparavant. Nous sommes au bord d’une guerre où le seul vainqueur serait le chaos et la prostration.

Nous sommes au bord d’une guerre pour laquelle nous ne sommes pas encore préparés et pour laquelle personne n’a proposé un plan de victoire réalisable, une guerre qui ne peut être gagnée sans envoyer nos soldats de l’autre côté de l’océan pour forcer un débarquement sur une côte hostile contre des armées plus fortes que les nôtres.

Nous sommes au bord de la guerre, mais il n’est pas encore trop tard pour rester à l’écart. Il n’est pas trop tard pour montrer qu’aucune somme d’argent, aucune propagande, aucun patronage ne peut contraindre un peuple libre et indépendant à la guerre contre sa volonté. Il n’est pas encore trop tard pour récupérer et maintenir le destin américain indépendant que nos ancêtres ont établi dans ce nouveau monde.

Tout le futur repose sur nos épaules. Cela dépend de notre action, de notre courage et de notre intelligence. Si vous vous opposez à notre intervention dans la guerre, il est temps de faire entendre votre voix.

Aidez-nous à organiser ces réunions et écrivez à vos représentants à Washington. Je vous dis que le dernier bastion de la démocratie et du gouvernement représentatif dans ce pays est notre chambre des représentants et notre sénat.

Là, nous pouvons encore faire connaître notre volonté. Et si nous, le peuple américain, faisons cela, l’indépendance et la liberté continueront à vivre parmi nous, et il n’y aura pas de guerre à l’étranger. 

Charles Lindbergh

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